STEVENSON, BARKER : deux voyageurs.
- D-marche
- 4 juin
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La renommée du chemin de Stevenson.
Jusqu'où peut mener un cœur brisé ? Pour l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson (1850 – 1894) auteur des deux fameux romans L’île au trésor et L'étrange cas du docteur Jekyll et Mister Hyde, la réponse semble évidente : dans les Cévennes !
C'est en tout cas la motivation qui pousse le jeune homme de 27 ans sur les chemins de France : son amour éconduit pour la belle Fanny Osbourne. Connaissant toutes les vertus de la marche pour l'avoir beaucoup pratiquée dans sa jeunesse – il a même écrit un essai sur " le sens de la marche" : Walking tours – il décide de voyager à pied afin d'oublier sa peine de cœur, de se ressourcer et de méditer tout en découvrant, comme un fil conducteur, les paysages décrits dans l'œuvre de George Sand, romancière qu'il admire particulièrement.
À défaut de sa chère dulcinée, c'est avec une ânesse, Modestine, que Stevenson prend la route, le 22 septembre 1878, de Monastier-sur-Gazeille pour arriver douze jours plus tard à Saint Jean du Gard.
En écrivain accompli, le jeune homme note scrupuleusement ses rencontres, ses aventures, ses états d'âme et ses impressions dans son carnet de route où l'on peut lire : « Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger (…) ».
Ce carnet de route titré, dans lequel Modestine tient le rôle principal, est donc publié en juin 1879.
On y trouve non seulement une description détaillée des territoires traversés mais aussi des croquis de l'auteur les illustrant.
C'est après la mort de Stevenson que ce récit de voyage sera particulièrement lu, apprécié et suivi, au point que son chemin soit baptisé " chemin de Stevenson " et devienne, plus tard, le GR 70.
Ce chemin de grande randonnée apporte aux marcheurs chaque jour son lot de découvertes. Les voyageurs peuvent suivre au pas près l'itinéraire de Robert Louis Stevenson. Les questions de logistique imposent parfois de prendre quelques libertés avec le chemin historique, mais l'esprit reste intact. Aujourd'hui balisé, il fait la liaison entre la Haute-Loire, la Lozère, l'Ardèche, et le Gard.
Les territoires traversés dévoilent tour à tour des paysages différents. Le départ se fait au Puy dans les champs de lentilles et se termine dans les châtaigneraies de Saint-Jean du Gard, la bascule entre le cœur du Massif central et la Méditerranée se faisant au niveau du mont Lozère.
Il y a aussi ce qu'on ne voit pas et dont Stevenson parle dans son carnet. La guerre des Camisards, dite aussi guerre des Cévennes, y prend une grande place. À l'origine, la Révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV qui interdit le protestantisme. Dès cet épisode sanglant terminé, la bête du Gévaudan ramènera les Cévennes sous les feux de la rampe.
Sur les pas d'Harrison Barker.
Un peu plus d'une décennie plus tard, c'est au tour d'un anglais, Edward Harrison Barker (1849 – 1919) de parcourir les beaux paysages de France, au cours des étés de 1892 et 1893. C'est en canoë et à pied que ce vice-consul décide de visiter la Guyenne et plus spécifiquement la Dordogne.
Sa motivation est autre que celle de son prédécesseur Stevenson : pas de peine de cœur, mais le simple désir de prendre le temps de découvrir les paysages, le patrimoine et surtout les habitants de cette région du grand Sud-Ouest.
Pour ce faire, bien qu'il soit d'un milieu favorisé, Barker voyage à la façon d'un " routard ", s'excluant volontairement, autant que possible, des sentiers battus et autres circuits touristiques naissants.
C’est « avec l'esprit bondissant d'un jeune alpiniste descendant pour la première fois vers les grandes plaines », qu'il entreprend son périple commencé dans les montagnes volcaniques d'Auvergne, après avoir traversé le Mont Dore et La Bourboule, en suivant le cours de la Dordogne. Son récit est publié à Londres en 1894 : Two Summers in Guyenne. A chronicle of the wayside and waterside [Deux étés en Guyenne : journal de voyage au fil de la Dordogne, 1892 – 1893].
Le vrai voyage " Par les chemins de terre et d'eau " est aujourd'hui proposé dans la vallée de la Dronne entre Aubeterre (Charente) et Brantôme en Périgord vert. Il s'agit d'un chemin de 100 km entre le village d'Aubeterre, détenteur de la marque : « Plus beaux Villages de France », et du label « Petites Cités de caractère », et de Brantôme, labellisée également « Petites Cités de caractère », surnommée « la Venise verte du Périgord ». Le " Chemin de terre " est proposé pour des raisons pratiques à l'envers de ce que Harrison Barker avait fait. Ainsi, il vous permet, si vous le souhaitez, de revenir au point de départ en canoë comme Barker, ou à vélo puisqu'un parcours cyclo balisé est aménagé le long de la Dronne.
Les récits de voyages de ces deux grands marcheurs nous prouvent que quelle que soit la motivation, il est toujours agréable, quand on le peut, de découvrir un paysage par le moyen de locomotion le plus accessible : à pied. Alors, à vos chaussures de randonnée, et bonnes excursions !
Références :
Voyage avec un âne, traduction de Léon Bocquet.
Two Summers in Guyenne. A chronicle of the wayside and waterside [Deux étés en Guyenne : journal de voyage au fil de la Dordogne, 1892 – 1893].
Par Dominique.
Très tentant ces propositions d'évasions Merci beaucoup et à bientôt pour d'autres itinéraires.